Chapitre 1
Le professeur Minerva Mc Gonagall, la nouvelle directrice de l'école de Magie, avait proposé à qui le souhaitait de revenir finir ses études. Une cinquième maison, portant le nom de Dumbledore, avait même été créée pour les « septièmes années bis ». Tous nos amis étaient donc dans leur septième et dernière année. Enfin la huitième en réalité, puisqu'ils refaisaient l'année que Voldemort avait gâché… Il était pourtant mort depuis un moment, mais beaucoup de séquelles étaient encore bien visibles et beaucoup de blessures ne s'étaient jamais vraiment refermées.
Les cicatrices de Drago Malfoy dues au sectum sempra lancé par Harry Potter 2 ans auparavant faisaient partie de celles-là. En effet, depuis quelques mois maintenant, elles s'étaient rouvertes et il passait le plus clair de son temps à l'infirmerie… Cette fois encore, il se retrouvait évanoui dans un des nombreux lits à la charge de l'infirmière, Mme Pomfresh.
Notre Survivant, quant à lui, était déprimé, triste et disparaissait aussi régulièrement…
Même Ron Weasley et Hermione Granger, ses meilleurs amis, ne savaient pas où il pouvait bien aller dans ces moments-là. Ses notes étaient excellentes, mais à chaque seconde libre qu'il avait, il se volatilisait littéralement et ne revenait que lorsque c'était absolument nécessaire, pour les cours, les repas, le couvre-feu… Il avait même abandonné le quidditch et ne dormait que rarement dans le dortoir de sa maison.
- Mais où peut-il bien aller ?! demanda Hermione à voix haute alors que Harry quittait encore une fois ses amis perplexes dans la grande salle.
- Très franchement, soupira Ron, j'aimerais bien l'savoir… Il m'inquiète…
- Ouais, moi aussi… On ne le voit plus et quand il est là… il a l'air tellement triste…
Le lendemain les deux jeunes gens décidèrent d'en savoir plus sur les activités que leur meilleur ami leur cachait depuis des mois. Après les cours, ils prirent la cape d'invisibilité dans sa malle («c'est pour la bonne cause » s'étaient- ils rassurés) pour le surveiller et lorsqu'il voulut disparaître à nouveau ils le suivirent jusqu'à… l'infirmerie.
Plus qu'étonnés ils restèrent dans le couloir, sans savoir quoi faire, en collant l'oreille contre la porte de l'infirmerie quand Harry y était entré. Ils l'entendaient parler, énormément parler.
- Tu sais Drago, j'ai fait aussi vite que j'ai pu aujourd'hui, comme à chaque fois.
Aujourd'hui, on n'a pas trop de devoirs à faire, alors je suis tout à toi. Ron et Hermione se posent sûrement des questions parce que je passe mon temps ici et plus avec eux. Mais je préfère. Je m'en veux tu sais, je m'en veux tellement ! C'est de ma faute, si je ne t'avais pas lancé ce sort, en sixième année, tu n'aurais pas toutes ces cicatrices, tu aurais dû me dire qu'elles saignaient régulièrement, je t'aurais aidé ! C'est pas parce qu'on ne s'entend pas que je ne sais pas reconnaître mes torts ! J'ai honte de t'avoir fait ça ! Je pensais vraiment que Rogue t'avait guéri !
Ils attendirent pendant un bon moment et lorsqu'ils virent Harry sortir, ils firent mine d'arriver et de le percuter « par surprise ». Ce qu'ils n'avaient pas prévu… c'est le fait qu'il pleurait. Du moins, c'est ce qu'ils avaient cru entendre, et effectivement, celui-ci refermait la porte en essuyant une larme.
- Harry ? Qu'est-ce que tu fais là ? Est-ce que tout va bien ?
- Oh Mione, Ron… je ne vous avais pas vu… euh oui moi ça va… enfin… il renifla, je m'inquiète pour Dra… Malfoy.
- Malfoy ? Qu'est-ce qu'il a à voir dans tout ça ? Pourquoi tu t'inquiètes ?
- Ron !
- Ben quoi Herm' c'est Malfoy, après tout on s'en fiche non ?
- Harry… commença Hermione, c'est ici que tu passes tout ton temps depuis le début de l'année ?
- Ou… oui je reste à son chevet autant que je peux… Je veux être là quand il se réveillera… tu comprends ?
- Oui
- Mais au chevet de qui ?
- Pff Ron t'es lourd ! réprimanda la jeune fille
- Je reste avec Malfoy, Ron, il vient ici régulièrement depuis le début de l'année et là… Il a fait une rechute plus sévère… il est dans le coma… ça fait un mois maintenant… J'avoue que ça m'inquiète. C'est qu'un gars comme nous. Il a pas vraiment choisi ce qui lui est arrivé pendant la guerre. C'est pour ça que je viens, parce qu'il n'a personne pour rester avec lui, personne à qui se raccrocher. Alors j'essaie de l'aider.
- Mais qu'est-ce que t'as avec lui ? s'emporta Ron
- C'que j'ai ? Tu veux savoir ce que j'ai ? TU VEUX VRAIMENT SAVOIR ?
- OUI JE VEUX SAVOIR POURQUOI LE SORT DE DRAGO MALFOY, TON PIRE ENNEMI DANS CETTE ÉCOLE TE PRÉOCCUPE AUTANT TOUT À COUP !
- La vérité, Ron, c'est que… La voix du brun s'éteignait au fur et à mesure… Puis… il s'emporta à son tour réellement.
- La vérité Ron, c'est que j'l'aime ! oui, j'l'aime à en crever ! et que s'il est là évanoui… C'est de ma faute ! là t'es content ! … Il s'écroula au sol, et éclata en sanglots.
- T'énerves pas Harry… c'est juste surprenant… On a toujours détesté Malfoy alors… balbutia Ron gêné
- Et… Tu… Tu es sûr de tes sentiments? Je veux dire… Je… repris Hermione
- Oui Mione, Je suis sûr que je n'imagine pas la vie sans lui quelque part…
Ron resta hébété alors qu'Hermione s'assit à côté de son ami.
- Oh Harry… Je suis désolée… qu'est-ce qui s'est passé ?
- C'est ma faute Mione… tu te souviens la bagarre dans les toilettes du 2ème étage en 6ème année ?
- Euh… oui…
- Le sectum sempra… les plaies se sont rouvertes ! et… il est dans un état critique ! à cause de moi… J'ai même pas pu lui dire que je l'aime… et je l'ai presque tué…
Ron se ressaisit et tendit la main
- Bon… je… Je ne comprends pas forcément que tu aies pu t'attacher à Malfoy, mais bon… Tu sais Mme Pomfresh est douée, elle saura faire ce qu'il faut. Je suis sûr qu'elle a déjà vu ça et qu'elle sait…
- Elle dit qu'il a besoin de repos et que ce coma c'est mieux pour lui, pour ne pas qu'il souffre. Je m'en veux tellement! Pourtant Rogue les avait soignées, mais ça n'arrête pas de se rouvrir
- Allez mon vieux, viens tu te fais du mal pour rien là… Je te dis que Mme Pomfresh va le guérir et puis elle te préviendra s'il y a quoi que ce soit
- Merci mon frère.
Les deux jeunes gens se relevèrent, Hermione et Ron, se placèrent de chaque côté de Harry, lui prirent chacun une main et le traînèrent au dîner pour l'obliger à manger un peu plus que ces derniers jours.
Le temps passa, peut- être une ou deux semaines.
Harry passait toujours beaucoup de temps à l'infirmerie. Ron et Hermione l'accompagnaient parfois… Ils avaient constaté que le brun s'était aménagé un vrai petit coin à côté du lit de Drago, il y avait une table afin qu'Harry puisse travailler et un autre lit dans lequel il dormait.
Ils se demandaient comment Harry avait bien pu convaincre Mme Pomfresh de le laisser vivre là...
Une nuit pourtant… La situation empira… Ron fut réveillé très tôt ce matin-là…
- Weasley ! oh ! Weasley, allez réveilles-toi !
- Hum… S'qui's'passe ?
Ron ouvrit un œil encore endormi et son regard s'écarquilla de stupeur. Une ombre argentée flottait devant lui.
- Malfoy ! qu'est-ce que… ? Oh merde !
- Euh… Ouais… c'est pas la joie… comme tu vois… Dit… tu peux transmettre un message à Harry pour moi ?
- Euh oui, si tu veux. Mais pourquoi moi ?
- Ben… Je ne me voyais pas aller réveiller Granger… Ni Harry tu vois ? Alors tu peux ?
- Ok, ok.
- Dis-lui que je ne lui en veux pas... Et puis dis-lui que… moi aussi je… enfin bref… Vous prendrez soin de lui d'accord ?
- Oui, évidemment !
- Merci.
Drago disparut et Ron se précipita hors de son lit… Il jeta un regard autour de lui. Par Merlin ! Harry n'avait pas dormi dans la tour, donc il était à l'infirmerie… Ron courut réveiller Hermione. Il la secoua, la fit s'habiller illico et l'entraîna dans les couloirs.
- Ron ! Où va-t-on ? Qu'est-ce qui se passe ?
Il ne prit pas la peine de répondre. Accélérant l'allure, ils tournèrent à droite; l'infirmerie était là au bout du couloir… pourvu que…
Trop tard !
Un hurlement déchirant résonna sur les murs
- NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !
Arrivé devant la porte, Ron se figea. Incapable d'aller plus loin. Hermione entra en trombe pour trouver le Survivant effondré sur le lit, serrant désespérément le corps sans vie de l'homme qu'il aimait.
- Harry ?
- Il est mort, Hermione ! mort !
Mme Pomfresh se tenait près du lit tentant de raisonner l'élève pour qu'il se reprenne.
- Mr Potter, je suis désolée, articula- t'elle… son cœur s'est arrêté sans que je ne puisse faire quoi que ce soit…
- Non, non, non ce n'est pas possible !
L'infirmière leva la tête et vit Hermione
- Miss Granger, faites le sortir de là avant qu'il ne s'effondre, je vous en conjure !
- Allez Harry viens…. Il ne faut pas rester là… Ça ne sert à rien.
- Non, Non, Non ! je veux rester avec lui !
- C'est inutile Harry, chuchota doucement la brunette, tu ne fais que souffrir encore plus… allez, il faut sortir de là maintenant.
Elle le tira calmement vers la porte, le portant presque. À l'extérieur, Ron s'était adossé au mur, il pleurait silencieusement.
Il reprit Harry des bras d'Hermione et le serra aussi fort qu'il le put avant que celui-ci ne se sauve en courant et en hurlant sa douleur.
La jeune femme encra son regard dans celui du roux alors qu'il glissait une main dans la sienne, puis tous les deux retournèrent dans la grande salle, sachant très bien qu'il serait parfaitement déplacé d'essayer de retrouver Harry, qui de toute façon, les enverrait balader.
Cette journée fut très longue… et Harry ne reparut pas… Pendant le dîner, toute l'école fut mise au courant du décès d'un des élèves. Ginny apprit les sentiments que son Gryffondor préféré nourrissait pour le blond et voulut immédiatement partir à sa recherche.
- Il faut le retrouver ! Vous connaissez Harry, il est incapable de réfléchir quand il est dans cet état et il va faire n'importe quoi !
- Mais où tu veux qu'on cherche ! On ne sait même pas où il a pu aller ! répondait Hermione.
- Je sais ! dit Ron d'un coup en se levant d'un bond, attendez-moi je reviens ! Finit-il en courant vers la sortie.
Il était allé chercher la carte des maraudeurs, et c'est comme cela qu'ils se retrouvèrent en haut de la tour d'astronomie.
- On aurait dû y penser ! se reprocha Ginny, il vient toujours ici quand ça ne va pas.
En ouvrant la petite porte, ils aperçurent l'objet de leurs inquiétudes, assis contre le mur, la tête dans les genoux, pleurant à chaudes larmes et répétant une phrase qu'ils ne comprirent pas immédiatement.
- Harry ? Appela Ginny
Mais il ne répondit pas, se disant qu'ils partiraient sûrement s'il ne réagissait pas. Mais, loin d'être d'accord, les trois gryffondors s'avancèrent
s'approchant, Ron s'agenouilla devant lui
- Écoute, Harry, je sais que tu vas trouver ça dingue, mais… Je savais… je veux dire… Il est venu me voir, cette nuit dans la tour… enfin son fantôme, pour me demander de te faire passer un message.
Les yeux verts humides se relevèrent et le fixèrent.
- Il voulait que je te dise qu'il ne t'en veut pas, et que... euh… que lui aussi, mais il n'a pas fini sa phrase.
Mais, il recula vivement en entendant ce que disait leur ami qui avait repris sa litanie :
- Au feu… Au feu… Au feu…
Ginny réagit la première, bien que visiblement très choquée. Elle sortit sa baguette, invoqua son Patronus et désigna le destinataire en précisant qu'il devait venir d'urgence.
Quelques 2 minutes plus tard, en haut de la tour d'astronomie, un « pop » se fit entendre et George Weasley, grand frère de Ron et de Ginny apparut.
- Eh ben… qu'est-ce qui s'passe ptite sœur ?
Elle le regarda et jeta des yeux remplis de larmes vers Harry. Le jeune roux s'approcha et écouta ce que disait le jeune homme assis le long du mur. Il se figea quelques secondes en entendant sa supplique puis prit les choses en mains.
- Harry ?
- George ? C'est toi ? sanglota le brun, il est mort… mort… mort… snif… au... feu George… au feu… s'il te plait !
- Chut… J'ai amené la lance à incendie… ça va aller… Je m'occupe de tout.
- … snif… emmène-moi… snif… Emmène-moi loin s'il te plait… S'il te plait !
- Ok… ok… Chut…
- Bon ! Vous 3 ! allez prévenir Mc Gonagall, dites-lui que je lui enverrai un hibou et retournez dans vos salles communes, moi j'emmène Harry à l'appart !
Sur ces mots, il prit Harry par la main et transplana.
(NDA : Oui je sais… on ne peut pas transplaner dans l'enceinte de Poudlard… Moi aussi j'ai lu « l'Histoire de Poudlard », mais bon… Vous connaissez les jumeaux… ils ont fini par trouver une solution…)
Ce fut alors au tour de Ginny de s'effondrer sur le sol.
- Ginny ! s'écria Ron en se ruant vers elle
- Oh Ron ! tu as entendu ! hein tu l'as entendu ?
- Oui, souffla-t-il plus pâle qu'un mort
Puis il se retourna vers Hermione qui posait une question muette :
- C'est… le langage de Fred et George… c'est le langage des jumeaux… Et il n'est utilisé que si c'est…
- Vraiment grave, finit Ginny, et…
- Et « au feu » ça veut dire quoi ? demanda Hermione d'une petite voix
- ... sais pas vraiment… renifla Ron
Les sanglots de la jolie rousse redoublèrent :
- ça .. Snif… Ç… Ça… veut… dire… « AU FEU » CA VEUT DIRE A L'AIDE, finit-elle par hurler.
- Harry est vraiment mal Mione… pour utiliser le langage… « interdit » depuis… que… Fred… sa voix se brisa, enfin, ça veut dire qu'il est vraiment désespéré, termina Ron piteusement.
Hermione resta interdite, désespéré, avait dit Ron, désespéré. Elle plaqua sa main sur sa bouche avant de se rapprocher des deux autres. Ron enlaça les deux jeunes femmes de ses grands bras puissants, puis il les entraîna vers la porte, les escaliers et les guida comme un zombie, vers la tour des gryffondors dans laquelle ils dormiraient ensemble ce soir.
Ensuite, il partit prévenir la directrice, comme le lui avait demandé son frère.
Arrivé devant la statue de la gargouille, il lui demanda poliment de le laisser entrer pour une urgence même s'il ne connaissait pas le mot de passe. Voyant son air défait et ses yeux rougis, elle pivota, il s'engagea dans l'escalier et une fois en haut frappa à la porte.
- Entrez ! fit la voix de la vieille sorcière
- Excusez-moi de vous déranger professeur, mais il y a un évènement difficile dont je souhaiterai vous faire part…
- Asseyez-vous Mr Weasley, je vous écoute
- Eh bien voilà… la mort de Drago Malfoy… a… euh eu des conséquences inattendues…
- Ah ? Lesquelles ?
- Et bien, il se trouve que Harry passait beaucoup de temps à l'infirmerie… et qu'il a très mal pris la nouvelle…
- Hum je vois, oui, j'avais remarqué que Mr Potter était souvent à l'infirmerie. Je me doutais de quelque chose comme çà. Que s'est-il passé ?
- Eh bien, quand Drago est mort, il s'est enfui. Il n'a pas assisté aux cours de la journée. On l'a retrouvé en haut de la tour d'astronomie, il culpabilisait..., il pleurait et…
- Et où est-il maintenant ?
Elle était inquiète, le son de sa voix ne trompait pas le jeune Weasley. Il connaissait bien cette femme maintenant, il l'avait tellement côtoyé au QG de l'ordre, square Grimmaurd.
- À Londres, chez mon frère, George, sur le Chemin de traverse. Il a dit qu'il vous enverrait un hibou.
- Bien, mais… attendez ? Comment votre frère est-il venu jusqu'ici ?
- Ben euh, en transplanant dit Ron en baissant la tête, on lui a envoyé un Patronus parce que Harry et lui sont proches, et comme il était vraiment mal, il a… euh… demandé à le voir.
- Transplaner ? Comment a-t-il fait pour transplaner dans l'enceinte de l'école ?
- J'en sais rien… répondit son interlocuteur avec un sourire en coin. Ça c'est les jumeaux…
Minerva soupira en souriant… les jumeaux… oui… sacrés… phénomènes ces deux-là…
- Très bien, merci, Mr Weasley, regagner votre dortoir maintenant.
- Euh, professeur ?
- Oui ?
- Hermione et moi, pouvons-nous dormir dans la tour de Gryffondor cette semaine ?
- Oh, bien sûr, bien sûr.
- Merci professeur, bonsoir professeur.
- Bonsoir Mr Weasley… Ron… ?
- Hum ?
- Après tout ce que nous avons vécu… Appelez-moi Minerva… Au moins… en privé.
- Merci prof… Minerva
Il se leva, sortit du bureau en la saluant d'un signe de tête, redescendit l'escalier et regagna la tour de Gryffondor.
Pendant ce temps chez George :
Harry et le rouquin sont dans le canapé, ce dernier berce tendrement son cadet en lui chuchotant des mots réconfortants à l'oreille. Les sanglots s'estompent, les larmes se tarissent, le sommeil gagne doucement le petit appartement qui surplombe la boutique « Weasley farces pour sorciers facétieux » sur le chemin de traverse.
Le lendemain, le brun aux yeux verts se réveille un peu plus serein, il se sent presque bien dans les bras qui l'entourent... et qu'il connaît si bien. Puis il se remémore les évènements de la veille, une larme coule sur sa joue fatiguée.
Il se lève, va à la cuisine et prépare le petit déjeuner. George le rejoint quelques minutes plus tard.
- Bonjour !
- B'jour, désolé, je ne voulais pas te réveiller… ni t'embêter avec mes problèmes.
- Tu ne me déranges pas du tout voyons frérot (depuis la mort de Fred, Harry et George s'étaient encore énormément rapprochés et le roux avait pris l'habitude d'appeler ainsi celui qu'il considérait comme son frère, son « autre jumeau »… ou plus… depuis longtemps. )
- Je voudrais m'excuser aussi, pour avoir utilisé le langage… je n'aurais pas dû... Pardon…
- Bah c'est pas grave t'inquiètes pas. C'est vrai que sur le coup, j'étais un peu en colère, mais c'est vite passé. Je sais que si tu l'as fait c'est que tu es vraiment mal…
- Oui… je… je ne sais pas si je pourrais m'en remettre cette fois… sans toi…
- Mais si, tu y arriveras, on y arrivera ensemble ! On va faire tout ce qu'il faut !
- Merci…
À la fin de la matinée, suite au hibou promis par le quatrième des enfants Weasley, le professeur Mc Gonagall frappa à la porte accompagnée de Pompom Pomfresh. Harry somnolait dans une des chambres, il entendait vaguement les 2 femmes s'entretenir avec son hôte. Il sortit de son lit et descendit dans le salon.
Pompom l'examina, lui prescrit une semaine de repos et de potion de sommeil. Le professeur Mc Gonagall accepta la proposition faite par le rouquin de garder Harry chez lui toute la semaine. Puis elles partirent.
Cette fameuse semaine se passa bien. Même si Harry pleurait souvent. La journée, le plus jeune aidait l'autre au magasin et travaillait pour ses études, le soir, les deux colocataires discutaient beaucoup, de Drago, de Fred, de leurs sentiments ou du magasin. Harry recevait un hibou quotidien avec les devoirs et les leçons de la veille. Même Ron prenait des notes ! c'est pour dire !
Le jeudi soir, Hermione et Ron avaient eu l'autorisation de venir voir leur ami, ils se présentèrent juste avant le dîner, comme convenu. Tous les 3 s'entassèrent dans le canapé tout en se pressant les uns contre les autres et se racontèrent leur semaine respective.
George, lui, était dans la cuisine, sachant bien que ces 3 là, une fois lancés ensemble, l'oublieraient de toute façon. Préparant le plateau de jus de fruits, il entendit le rire timide, mais franc du jeune brun. Merlin qu'il l'aimait ce rire ! Refusant de lutter, il laissa alors ses pensées se perdre et l'emmener où elles le souhaitaient. Il se revit au cours de sa septième année, (que lui non plus n'avait pas finie, au passage), Harry était alors en cinquième année, tous les deux s'étaient croisés un soir, dans la salle commune de Gryffondor, n'arrivant pas à dormir. À l'époque, aucun d'eux n'était vraiment expert concernant les choses du sexe ou de l'amour, mais ils s'étaient avoué avoir irrémédiablement besoin l'un de l'autre. S'en était suivi une année… Ouhffff… mouvementée, mais heureuse à un point !
George s'était enfin senti vraiment unique, vraiment complet, vraiment lui-même. Son idylle avec Harry avait été le seul secret qu'il n'avait pas partagé avec son frère jumeau Fred. En tous cas, jusqu'à peu avant la mort de ce dernier sur le champ de bataille. Il n'avait jamais dit à Harry que Fred savait… mais il imaginait bien que son cadet se doutait de cette fuite. Puis s'en était suivi le départ en fanfare des deux trublions de Poudlard… la séparation silencieuse… et le retour à une relation fraternelle. Oh, ça n'avait pas été facile ou sans mal. Harry lui en avait voulu d'être parti sans rien dire… Mais il était resté silencieux, il était devenu plus distant avant qu'ils ne se rapprochent et n'agissent en amis à nouveau, l'un envers l'autre. C'est Fred qui les y avait poussés. George avait été très maladroit, timide, sans oser vraiment faire le premier pas.
Mais l'ambiance du Terrier étant ce qu'elle est, très vite les choses avaient repris leur cours et les liens s'étaient renforcés. Finalement aujourd'hui George agissait avec Harry comme il le faisait avec Fred, autrefois.
Le décès de Fred avait confirmé ce lien. Mais depuis que Harry était chez lui, il retrouvait ce trouble en sa présence, cette chaleur qui l'envahissait quand ils étaient près l'un de l'autre, ce frémissement et ce tremblement qui l'assaillaient lorsque le jeune homme le touchait.
Toutes les sensations ressurgissaient… Traitresses qu'elles étaient !
- Je t'aime frérot… murmura-t-il pour lui-même.
- Moi aussi je t'aime répondit sur le même ton une voix derrière lui.
Il se retourna un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Harry lui sourit, s'approcha et le prit dans ses bras en enfouissant son visage dans son torse.
Ils restèrent ainsi un moment puis furent interrompus.
- Eh ! Ça va vous deux? Demanda Hermione dans l'encadrement de la porte.
- Oui, oui, répondit Harry, quelques souvenirs nostalgiques, dit-il en regardant son aîné tendrement.
Il s'approcha d'elle, lui murmura quelque chose à l'oreille, son visage suspicieux s'éclaira d'un grand sourire avant de l'entraîner à nouveau dans le salon.
George secoua la tête pour se sortir de ses pensées, prit le plateau qu'il était en train de préparer rejoignit le trio. Au moment de passer à table, personne ne vit Harry agiter une quelconque baguette ou lancer le moindre sort, mais en revenant à la cuisine pour s'occuper de la suite, le rouquin n'eut plus qu'à regarder le repas se faire de lui-même… il se retourna vers Harry qui lui fit un clin d'œil… il s'installa donc dans un coin de la pièce pour observer avec bonheur cette agitation et cette petite farce mise en œuvre par son beau brun.
À 22h00, l'heure du retour sonna.
- Aller les jeunes, j'vous ramène.
- Déjà ! bougonna Ron
- Il est 22h00 et si on y va pas Rusard va nous attraper pour non-respect du couvre-feu Ron ! ajouta Hermione.
- Ok ok Pfff…
Ils dirent au revoir à Harry, puis disparurent dans le transplanage d'accompagnement mené par George. Le jeune gryffondor agita ses pensées et lança le nettoyage de la table de la salle à manger et de la cuisine. Une fois fait il se rassit sur le canapé et admira le feu qui crépitait dans la cheminée.
Il ne sortit de ses pensées que lorsqu'une main chaude et envoûtante se posa sur son épaule.
- Oh ! désolé… T'es là depuis longtemps ?
- Je suis rentré il y a 10 min ¼ d'heure. À quoi tu pensais ?
- Oh, à tout et rien en particulier… (Il n'allait quand même pas lui dire qu'il repensait aux moments qu'ils avaient partagés lorsqu'ils étaient ensemble.)
Harry prit les deux mains de George dans les siennes et l'attira sur le canapé, lorsqu'il fut assis, Harry se lova contre lui et se retrouva enfermé dans le sentiment d'apaisement que lui procuraient la présence et les bras du grand roux.
- Cette soirée m'a fait du bien, merci d'avoir tout organisé !
- De rien, merci d'avoir rangé, et puis moi aussi j'ai aimé, c'est bon de te revoir rire et sourire!
- Merci, c'est grâce à toi
Sur ces mots, le jeune commerçant vit que son « frérot » s'était endormi dans ses bras, comme chaque soir.
Une chanson moldue, vint d'ailleurs se nicher dans ses pensées et sur ses lèvres.(1)
À m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder le soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fou
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants
Et les mistrals gagnants
Oui, il avait envie que Harry s'en sorte ! De lui dire que le temps arrangerait les choses… qu'il serait à nouveau heureux. Mais… avec qui ?…
Il sentit une vague de jalousie s'emparer de lui, mais la chassa rapidement. Il ne pouvait pas… Harry n'était plus… ne l'aimait plus que comme un frère. C'était lui, George, qui en avait décidé ainsi en quittant Poudlard pour ouvrir le magasin… sans en parler à son petit ami. Et puis cette histoire entre eux avait toujours été secrète parce que Harry avait eu peur… « Depuis 2 jours, je n'en dors pas… Est-ce qu'ils m'accepteront encore… » (2)
Il savait que Harry s'était posé tout un tas de questions sur son homosexualité… « Est-ce une maladie ordinaire ? Un garçon qui aime un garçon… » (2).
Ensemble, ils avaient tenté d'y répondre, car pour lui, son statut n'était pas un secret « Ce que je sais n'est pas nouveau… je me connais depuis longtemps… » (2).
Poudlard avait été leur cocon. « Derrière les murs de ce collège, ce qui font tourner les manèges, se sont-ils posé la question ? » (2).
Oui, le château avait été leur écrin, leur protecteur pendant 1 an « Y a-t-il un dieu qui nous protège ? Une préférence, un privilège ? » (2).
Il soupira, se dégagea doucement de l'étreinte de l'endormi, puis le monta dans sa chambre, déposa un baiser sur son front et redescendit s'installer sur le canapé où il s'endormit à son tour.
A suivre...
1 : Renaud – Mistral Gagnants – dernier couplet
2 : Michel Sardou – Le Privilège